Acétonémie des vaches laitières Mesurer le taux d’énergie métabolique (TEM) du lait pour prévenir les déficits
A partir d’un échantillon de lait, la mesure du taux d’énergie métabolique (TEM) facilite la détection d’un éventuel déficit énergétique de la vache en début de lactation, à l’origine de l’acétonémie. Avis croisés de l’Earl des 3M (54) et de Jérôme Larcelet, expert nutrition chez Optival et Oxygen Conseil Elevage, sur cette méthode de prévention du risque de cétose.
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Avec le taux d’énergie métabolique, ou TEM, prévenir le déficit énergétique, c’est déjà guérir. Grâce à l’analyse infrarouge du spectre du lait, il est désormais possible de s’affranchir des prises de sang pour diagnostiquer précocement des anomalies pouvant influer sur la santé des animaux telles que l'acétonémie, ou cétose. Réalisée à partir de l’échantillon de lait prélevé lors du contrôle laitier, l’analyse TEM est une prédiction de la concentration de corps cétoniques dans le sang (comme le BhB un déchet issu de la dégradation des graisses lors de l’amaigrissement).
Cibler l’apport de propylène glycol
A l’Earl des 3M en Meurthe-et-Moselle, Danièle Michel, 46 ans, s’occupe du troupeau. Elle interprète les résultats individuels TEM du jour du contrôle laitier ce qui lui permet de cibler les animaux à problèmes : « Tous les mois, nous avons de trois à cinq vaches en alerte et deux à trois en surveillance. J’interviens immédiatement avec des additifs à base de propylène glycol. Nous en consommons 60 litres par an. Certes, le produit est cher, d’où l’intérêt de ne pas en donner systématiquement à toutes les vaches. Par contre, les effets sont immédiats avec une augmentation de la production laitière de 3 à 4 kg par vache sur la période 0 à 100 jours. Ce qui se traduit par une évolution de la production de 8 460 à 9 020 kg par vache et du TB de 37,7 à 38,4 en un an ! En outre, les vaches sont en meilleur état corporel ».
L’éleveuse n’intervient pas directement sur les rations. Elle laisse à Jérôme, son conseiller, et à son marchand d’aliments qui travaillent en partenariat pour caler les rations en fonction de l’interprétation des récapitulatifs. Danièle se déclare satisfaite du nouveau service TEM : « Vu les résultats, je ne me pose pas de question, je continue ». « Lorsque Jérôme notre conseiller d’élevage m’a proposé, l’an dernier, le nouveau service TEM, j’ai été tentée d’essayer. Les conditions étaient attractives avec une gratuité les quatre premiers mois et ensuite 1,30 € par vache pour 11 contrôles. Notre troupeau semblait sain. Il y avait sans doute quelques cas d’acétonémie mais, la plupart du temps, on ne s’en rendait pas compte. Et quand on s’en rendait compte, c’était souvent trop tard ! » Avec le recul d’une année, Danièle estime valoriser pleinement les informations qui lui sont communiquées.
Lorsqu’on s'aperçoit de l’acétonémie, c'est trop tard, le déficit n’est plus visible
« L’acétonémie peut concerner toutes les vaches en début de lactation, même les vaches dont la production dépassent 10 000 kg n’y échappent pas » affirme Jérôme Larcelet, responsable technique et méthode chez Optival et Oxygen Conseil élevage. « Il suffit d’une mauvaise préparation sur les taries, d’une transition alimentaire brutale au vêlage ou d’une complémentation énergétique déficiente en début de lactation pour que cette maladie métabolique se déclenche. »
Les incidences économiques peuvent être importantes. Selon le conseiller, elles sont de l’ordre de 600 € par an, conséquence d’une perte de 300 à 500 kg de lait et d’un taux de réussite en première IA réduit de 35 %. Pour Jérôme, « quand on s’en aperçoit, c’est déjà trop tard car dans 80 % des cas, le déficit énergétique n’est pas visible. La détection est difficile et souvent trop tardive car il faut avoir un œil aguerri sur son troupeau : perte d’état corporel, baisse d’appétit pour les concentrés, odeur de pomme dans le lait, les urines et l’haleine… ».
Trouver la source du problème
Avec la mesure du taux d’énergie métabolique (TEM) dans le lait qui prédit le niveau des corps cétoniques présents dans le sang, il est donc possible d’intervenir précocement pour soigner les vaches par l’apport d’additifs à base de glucoformateurs, précurseur du glucose comme le propylène glycol ou l’apport de vitamine B12. Cependant, le traitement curatif ne règle pas l’origine du déficit. Avec le TEM, l’objectif est de passer du curatif au préventif en s’intéressant à la source du problème. L’interprétation de ce nouvel indicateur, en appui de l’observation des vaches permet de révéler différents troubles métaboliques ou sanitaires à l’échelle de l’individu : acétonémie, acidose, boiteries, mammites, métrites, parasitisme… mais aussi au niveau du troupeau en rapport à la conduite de l’élevage.
Ainsi, Jérôme conseille généralement le TEM dans tous les troupeaux car c’est un indicateur de santé précieux. L’engagement contractuel pour ce service est prévu pour une durée d’un an. Les résultats des analyses du TEM font l’objet d’une restitution après chaque contrôle. Ils intègrent l’interprétation globale des résultats par contrôle afin de mener des actions préventives sur les lots d’animaux à risques. Les résultats individuels facilitent le ciblage des vaches devant subir un traitement curatif. L’historique des résultats par vache sur les 12 derniers contrôles donne une vision globale du troupeau dans le temps. Ces documents sont utilisés par l’éleveur mais aussi valorisés par le conseiller d’élevage et les partenaires de la filière lors de leurs interventions. « Grâce à ce nouveau service, il est possible de déterminer avec précision les catégories d’animaux les plus sensibles ainsi que les périodes délicates. Désormais, privilégions des solutions préventives aux traitements curatifs ! », conclut Jérôme Larcelet.
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